Un plan d'action pour un Plateau plus accessible et inclusif
Sylvie Gionet doit parcourir un kilomètre simplement pour acheter du lait, car les dépanneurs situés à proximité de son logement
Depuis plusieurs mois, les organismes de dépannage alimentaire du Plateau peinent à répondre à la demande croissante. Malgré des efforts soutenus, la situation ne semble pas s’améliorer.
L’augmentation significative des prix des aliments force de nouvelles personnes à demander de l’aide, selon Dimitri Ohandjanian, du Réseau d’entraide Milton-Parc. « Nous avons beaucoup de nouveaux visages : des étudiants, des personnes âgées, et de nombreux nouveaux arrivants. Les prix à l’épicerie ont explosé et les gens n’y arrivent pas », témoigne-t-il.
Bien que les donateurs du quartier soient nombreux à contribuer en offrant des denrées, leur apport ne suffit pas à répondre à la forte demande. Pour remplir leurs étagères et leurs coffres, certains organismes doivent donc redoubler d’ingéniosité et organiser des activités de financement.
C’est le cas du Réseau d’entraide Milton-Parc. « Nous faisons de notre mieux. Nous organisons des brunchs et des spectacles de musique pour financer nos activités… Mais il est clair qu’il y a une crise en ce moment et c’est très difficile », explique M. Ohandjanian.
Un peu plus au nord, l’organisme communautaire Mission Mile-End sert chaque année plus de 10 000 repas chauds gratuits dans ses locaux, trois fois par semaine. Il bénéficie d’un partenariat avec Moisson Montréal et plusieurs commerçants locaux participent également à sa mission.
« La demande pour des repas chauds est forte. Nous sommes passés de quarante à soixante repas par jour ces derniers mois, » explique Linda Lou Hachey, directrice générale.
Quant à la demande pour les petits déjeuners chauds servis chaque lundi, elle a carrément doublé. « Nous sommes passés de vingt à plus de quarante repas servis. C’est une augmentation vraiment importante. »
L’organisme, qui œuvre depuis 1991, propose également 10 000 sacs d’épicerie à seulement deux dollars, distribués tous les jeudis. Là aussi, la demande est en hausse, particulièrement depuis six mois, remarque Mme Hachey.
Malgré sa bonne volonté, Mission Mile-End ne dispose pas de l’espace nécessaire pour entreposer et offrir davantage de denrées. Les frais liés au transport et à l’emballage des denrées sont également à prendre en compte dans le budget de fonctionnement de l’organisme à but non lucratif.
La Maison des amis du Plateau-Mont-Royal s’adresse pour sa part aux personnes en situation d’extrême précarité et à risque d’itinérance. En offrant des repas chauds une fois par jour, elle comble les besoins d’une clientèle spécifique.
Cependant, le portrait a beaucoup changé ces derniers mois. « Dernièrement, je reçois beaucoup de familles et de nouveaux arrivants. J’essaie de les référer à des organismes mieux équipés pour les aider, mais nous ne refusons jamais d’aider quelqu’un ici », affirme Jordane Brodeur, coordonnatrice.
Grâce à l’aide de Moisson Montréal et de quelques donateurs, la Maison des amis offre 115 sacs de denrées le mercredi. Pourtant, 150 personnes par jour fréquentent les locaux de l’organisme. Mme Brodeur soulève des inquiétudes face à cette situation.
« Le soir et la fin de semaine, il n’y a presque aucun organisme qui offre des repas. Je trouve cela très alarmant. Et voir de plus en plus de personnes que l’on considérait privilégiées il y a quelques années demander de l’aide, c’est également inquiétant. »
L’organisme Partage et Solidarité, fondé en 2017 par Atlantide Desrochers, récupère et redistribue chaque mois plus de 3 000 paniers de denrées d’une valeur de 100 $ à 150 $. Dans le cas de cet organisme, qui offre des paniers gratuitement, 95 % des denrées proviennent de commerçants.
Le reste de l’aide vient d’autres partenariats, notamment l’aide financière de l’arrondissement, de la caisse populaire et de donateurs privés. Là aussi, de nouveaux visages et besoins apparaissent régulièrement.
En comparaison, pour maintenir le rythme en 2017, il fallait 1 000 paniers et 15 tonnes de nourriture. En 2024, ce sont entre 30 et 40 tonnes d’aliments qui sont récupérées. De plus, les activités de Partage et Solidarité s’étendent maintenant sur trois arrondissements.
Pour le transport des dons de nourriture, un seul camion était nécessaire en 2017. Trois véhicules sont désormais indispensables pour la récupération. « L'arrondissement du Plateau-Mont-Royal a renouvelé son aide, bien qu’elle ait diminué de plus de la moitié son soutien financier. La nouveauté cette année est que les arrondissements Ville-Marie et Côte-des-Neiges ont accepté de contribuer à nos frais de transport », explique Mme Desrochers.
« Concrètement, les gens devraient pouvoir avoir accès à une alimentation adéquate, quel que soit leur niveau de revenus. C’est une aberration que la récupération alimentaire ne soit pas suffisamment prise en compte », affirme Mme Desrochers, qui se prépare à lancer cet hiver un livre sur la politique alimentaire à Montréal.
Pour trouver des ressources ou offrir du soutien en lien avec l’aide alimentaire dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, vous pouvez consulter ce document.
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