Montréal limite la location touristique aux mois d'été dans les résidences principales. Le Plateau-Mont-Royal, qui compte une forte concentration d’Airbnb, est particulièrement visé par cette nouvelle réglementation.
La Relance des loisirs tout 9 (RDLT9) demeure incertaine de l’avenir des activités et services qu’elle offre à l’école primaire Lambert-Closse. C’est notamment le cas de son camp de jour d’été, qui accueille quelque 45 enfants par semaine.
«C’est notre inquiétude principale, aujourd’hui», souligne le directeur adjoint de la RDLT9, Jonathan Villemus.
Ladite inquiétude survient après que le gouvernement Legault ait annoncé qu’il amputera le budget alloué au secteur de l’Éducation de 200 millions $, tel que rapporté par Radio-Canada, le 18 décembre 2024. Les centres de services scolaires (CSS) de la province, eux, devront se priver de 123 millions $.
Un mois plus tard, le média public indiquait que le ministère de l’Éducation avait «aboli les compensations versées aux centres de services scolaires pour la mise à disposition de leurs installations à des fins récréatives municipales.»
«C’est comme un coup de massue», raconte Jonathan Villemus au sujet de la réaction de son organisme qui a appris la nouvelle grâce aux médias.
«Les enfants sont quoi dans cette histoire-là?»
Semaine de relâche en péril
Lundi, la Ville de Montréal envoyait une mise à jour de la situation aux organismes de sports et de loisirs sur son territoire dans laquelle elle a affirmé que les infrastructures scolaires demeureront accessibles jusqu’à la fin du mois de février.
Il n’est cependant pas clair si les installations pourront être utilisées en mars, notamment pendant la semaine de relâche, alors que les activités offertes par les organismes de sports et de loisirs associés à la municipalité ont tendance à se multiplier.
«Nous travaillons activement avec les partenaires scolaires et le gouvernement pour assurer la continuité de l’accès à ces infrastructures au-delà de cette échéance», écrivait Luc Denis, de la Direction des sports de la Ville de Montréal.
M. Villemus peine à comprendre ce qui adviendra du bureau de la RDLT9, situé dans l’école primaire Lambert-Closse, ainsi que des activités qu’elle offre sur les lieux, après les heures de classe. L’organisme se sert du gymnase pour offrir des séances de badminton, de pickleball, de soccer et de volleyball.
Peu de solutions de rechange aux écoles dans le Plateau
«C’est un enjeu, les camps de jour, parce que dans le Mile End, il n’y a rien. Il y a le YMCA, qui est privé. Mais pour ce qui est des centres communautaires à prix raisonnable, ouvert à tous, pour toutes les familles, il n’y a que nous à l’école Lambert-Closse», souligne M. Villemus.
«Il n’y a aucun endroit sur le Plateau pour recevoir un camp de jour autre que les écoles», ajoute-t-il.
Il est à noter que la RDLT9 utilise également le Centre de loisirs Saint-Denis pour accueillir d’autres groupes de camps de jour dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.
«On est déjà pas mal au maximum», indique toutefois Jonathan Villemus en ce qui concerne le nombre d’enfants accueillis l’été, dans l’édifice de la Ville de Montréal.
«On se demande bien si, à la fin avril (période d’inscriptions), on aura même ne serait-ce qu’une bribe de réponse à savoir si les camps de jour seront possibles», laisse-t-il tomber au sujet des conséquences incertaines des compressions gouvernementales.
Une offre dépendante des infrastructures scolaires
La Fédération québécoise des centres communautaires de loisir, dont la RDLT9 est membre, cherche à obtenir un portrait plus clair de la situation et de ses impacts. Elle se montre inquiète face aux conséquences potentielles des compressions.
«Au premier regard, nous constatons que plus de 60% des centres communautaires de loisir fédérés (CCL) utilisent des installations des centres de services scolaires pour offrir une programmation accessible et abordable de loisir récréatif à toute la communauté (0 à 99 ans), y compris aux personnes vulnérables», a indiqué la directrice générale de la fédération, Mélanie Sanschagrin, dans un courriel envoyé à Mon Plateau.
«L’offre des CCL ne se limite pas au sport; elle favorise le développement holistique des personnes à travers une variété d'activités culturelles, éducatives et récréatives, répondant à des besoins divers», a-t-elle également souligné.
Du côté de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, la chargée de communications, Geneviève Allard, indique qu’il est encore trop tôt pour parler des potentiels impacts des compressions, notant que la Ville de Montréal et les cinq CSS sur son territoire sont en négociations.
Son de cloche similaire du côté du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), qui dit poursuivre ses «échanges avec les parties prenantes afin de trouver des solutions.»
«Le CSSDM travaille actuellement à identifier des pistes d’optimisation budgétaire afin de répondre à la demande du ministère de l’Éducation. La réussite éducative des élèves étant au cœur de notre mission, nous veillerons à minimiser les impacts sur la clientèle scolaire», ajoute le responsable des relations de presse, Alain Perron.
Le ministre Drainville se défend de limiter l’accès aux installations sportives
Mon Plateau a tenté d’obtenir des précisions auprès du ministère de l’Éducation en ce qui concerne les impacts des compressions, mais demeurait sans réponse au moment de publier ces lignes.
Le 23 janvier, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, faisait toutefois une sortie sur les médias sociaux, se défendant d’avoir causé une diminution de services à la population.
Il a soutenu qu’en six ans, sous la gouverne de la CAQ, le budget voué à l’Éducation avait augmenté de 50%.
«Les décisions budgétaires appartiennent aux CSS, mais à notre avis, rien ne justifie la fin du partage des infrastructures sportives», avait-il affirmé.
«On demande aux CSS un effort de moins de 1% de leur budget pour cette année.»
Le projet de transformation d’un terrain vague situé à l’intersection du boulevard Saint-Laurent et de la rue Bernard, lancé par les élèves du secondaire de l’école Edu2, ira de l’avant. L’inauguration est prévue le 29 mai.