Un projet immobilier dédié au milieu de la recherche scientifique accueillera ses premiers occupants au cours des prochains mois dans le sud-ouest du Plateau-Mont-Royal.
Après l’adoption du Plan d’action pour l’accessibilité universelle et la lutte contre le capacitisme en novembre, l’arrondissement souhaite mettre sur pied un comité citoyen qui pourra en assurer le suivi dès le printemps.
Itinérance: Plein Milieu bonifie ses services grâce à l’acquisition d’un bâtiment
Situés au cœur du Plateau, les nouveaux locaux de Plein Milieu permettent d'offrir des services essentiels à un nombre croissant de personnes en situation d’itinérance.
Plein Milieu, qui vient en aide aux personnes itinérantes et toxicomanes depuis 1993, est devenu propriétaire d’un bâtiment de la rue Saint-Denis dans lequel il louait un local au deuxième étage depuis quinze ans.
L’organisme communautaire a ainsi triplé l’espace de son site fixe, qui était auparavant insuffisant pour accueillir les personnes en besoin de son soutien.
Depuis le 13 janvier, ces dernières peuvent s’y rendre afin de se reposer, prendre une douche ou laver leurs vêtements. En plus de pouvoir compter sur l’aide du personnel de Plein Milieu, elles peuvent accéder à des téléphones, des ordinateurs et recevoir du matériel de consommation sécuritaire.
Auparavant, les employés se rendaient uniquement sur le terrain puisqu’il n’y avait pas de centre pour accueillir les personnes en recherche de soutien.
«Maintenant qu'on a vraiment le bâtiment en entier, toutes nos équipes ont des bureaux ici sur place. Donc, ça permet aussi d’harmoniser nos services adultes avec nos services jeunesse parce que nos équipes se croisent dans un même lieu», explique la directrice adjointe de Plein Milieu, Ann Lalumière.
D’autre part, Plein Milieu peut offrir de la nourriture et son centre demeurera ouvert jusqu’à 22h dès le mois d’avril.
«En soirée, sur Le Plateau-Mont-Royal, il n’y avait aucune ressource alimentaire à l’exception de la roulotte de Dans la rue, qui passe à 23h30», note Mme Lalumière. L’élargissement des services de Plein Milieu aidera à changer la situation.
Plein Milieu estime qu’il recevra dorénavant 3250 visiteurs additionnels par année.
«J'ai fait tous les centres. C'est le meilleur spot en ville!», est venu souligné un homme rencontré devant les locaux de Plein Milieu en réaction à l'augmentation des services offerts par l'organisme. – photos : gracieuseté Plein Milieu
Une acquisition stratégique pour Plein Milieu et la communauté
Plein Milieu a acheté l'immeuble avant même qu'il soit mis sur le marché grâce à une entente avec les propriétaires. En tout, l’acquisition des lieux aura coûté 2,4 millions $, dont la moitié était vouée à l’achat du bâtiment et l’autre, aux rénovations.
Plein Milieu a pu compter sur plusieurs contributions financières, dont celles de la Ville de Montréal, du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et de la Caisse Desjardins du Plateau-Mont-Royal, qui ont respectivement octroyé 400 000$, 300 000$ et 200 000$.
Plein Milieu soutient que l’Initiative Immobilière Communautaire du Grand Montréal, qui a justement été conçue pour permettre aux organismes communautaires d’acquérir des lieux adéquats, lui a permis de faire une offre d’achat rapidement.
«Ce projet-là, c'est vraiment l'occasion de mettre en lumière une communauté qui s'est rassemblée autour d'un organisme pour permettre que ça se concrétise. Pour moi, c'est un rêve de longue date», souligne Mme Lalumière au sujet des différentes entités qui ont soutenu le projet d’acquisition.
Pour ce qui est du soutien financier à plus long terme de ses activités, l’organisme compte persuader les élus de sa pertinence et de son efficacité, en plus de lancer une campagne de financement.
Des ressources insuffisantes pour faire face à la crise
Mme Lalumière note qu’en ses 17 ans de services au sein de Plein Milieu, la situation de l’itinérance s’est transformée, notamment au niveau de son ampleur.
«Quand j'étais travailleuse de rue, il y a plus de quinze ans, je trouvais toujours de la place pour une personne qui souhaitait accéder à un hébergement d'urgence. Aujourd'hui, plus souvent qu'autrement, on ne prend même pas la peine d'appeler parce qu'on sait que les centres sont déjà pleins», explique-t-elle.
«À la vitesse à laquelle l'itinérance augmente, le développement des ressources n'arrive pas à suivre. Le robinet est grand ouvert.»
De plus, les profils démographiques des personnes dans la rue ont muté. Celles issues des communautés autochtones, et plus particulièrement inuites, occupent maintenant environ la moitié de la clientèle de Plein Milieu.
Mme Lalumière constate également un vieillissement de la population itinérante et une augmentation du nombre de personnes issues de la classe moyenne, notamment dans les campements, qui sont de plus en plus communs.
«On commence à voir monsieur et madame Tout-le-Monde, qui se retrouvent à devoir chercher un nouveau loyer, n'ont pas les moyens de payer 2000$ par mois et se retrouvent donc à la rue,» explique-t-elle.
«Depuis la pandémie, c'est vraiment un phénomène qui se répand et auquel on n'est pas du tout en mesure de répondre. Il n'y a pas assez de ressources».
«Il n'y a pas vraiment de filet pour ces personnes-là,» souligne Mme Lalumière. «Et il faut savoir qu’on parle en moyenne de 15 ans d’attente pour un HLM à l'Office municipal d’habitation de Montréal.»
Un projet immobilier dédié au milieu de la recherche scientifique accueillera ses premiers occupants au cours des prochains mois dans le sud-ouest du Plateau-Mont-Royal.
Après l’adoption du Plan d’action pour l’accessibilité universelle et la lutte contre le capacitisme en novembre, l’arrondissement souhaite mettre sur pied un comité citoyen qui pourra en assurer le suivi dès le printemps.