Mesurer les nuisances sonores sur le Plateau, un exercice complexe

La modification de la réglementation sur le bruit suscite l’inquiétude chez certains résidents et commerçants de l’arrondissement, alors qu’un seul technicien est affecté à l’inspection.

Les uns sont inquiets pour leur quiétude, les autres pour leurs opérations d’affaires et les signalements citoyens sont chose courante à l’arrondissement.

Cependant, une équipe de travail de la division des permis et inspections planche depuis 10 mois sur une révision de la réglementation qui sera présentée en janvier 2025. L’objectif est de préserver ce que le maire Luc Rabouin appelle un « fragile équilibre ».

Bien que cette nouvelle soit rassurante pour une partie de la population, la modification rapide de l’article 9 du règlement sur le bruit de l’arrondissement qui soustrait les bars, les restaurants et les salles de spectacle de certaines contraintes, a suscité des interrogations.

Lors de la séance du conseil d'arrondissement du 7 octobre, certains citoyens ont exprimé leur confusion et leurs préoccupations, notamment en ce qui concerne les méthodes de calcul des niveaux sonores.

Par exemple, le propriétaire d’une école de danse, inquiet de l’impact de la décision de la Cour d’appel dans le cas du Théâtre La Tulipe, a jugé « hors-norme » le nombre de décibels dans la salle pendant la rencontre, brandissant son téléphone cellulaire qui lui servait d’outil de mesure. 

D’autres ont calculé de la même manière le niveau de bruit des appareils de climatisation derrière le Théâtre Latulipe, en faisant le même constat: le niveau sonore est au-delà des limites de la réglementation.

La prise de mesure du bruit, une technique spécifique et rigoureuse 

Cependant, il convient de noter que « ce type de mesure effectuée avec des applications mobiles n’est ni rigoureux ni admissible devant un juge », explique Simon Lemieux, chef de la division des permis et inspections du Plateau-Mont-Royal. 

Pour obtenir des résultats fiables, il est nécessaire de faire appel à des professionnels, soit de la division des permis, soit d'une entreprise spécialisée.

« C’est une expertise qui est très nichée, très technique et très spécifique », explique Simon Lemieux. « L’équipement utilisé par notre équipe est professionnel, les appareils sont calibrés annuellement en laboratoire par une compagnie spécialisée, c’est de l’équipement très sophistiqué et on en prend soin », ajoute-t-il.

Les méthodes de mesure varient selon les cas, mais un plan détaillé est toujours établi pour garantir des résultats précis. La durée des tests peut aller de quelques heures à plusieurs jours, en fonction de la situation, avec l’utilisation de différents appareils spécialisés.

Un seul technicien spécialisé dans le contrôle du bruit

À ce jour, l’équipe de la division des permis du Plateau-Mont-Royal compte huit inspecteurs de bâtiments, mais un seul technicien est dédié à la gestion du bruit et à l'utilisation du sonomètre.

Bien que cela puisse sembler insuffisant, M. Lemieux souligne que peu d’arrondissements disposent d’un employé à plein temps pour cette tâche, comme c’est le cas dans Ville-Marie et sur Le Plateau-Mont-Royal. 

«Si nous pouvions embaucher deux personnes supplémentaires, nous le ferions, mais pour l’instant, nous répondons à la demande», assure-t-il. 

Pourtant, une famille qui habite l'arrondissement a confié à Mon Plateau qu’elle attend depuis des mois la venue du technicien pour mesurer le niveau sonore d’appareils industriels de climatisation et de ventilation dont le bruit incommode plusieurs résidents du secteur.

 « C’est très cyclique », observe M. Lemieux. « Au printemps, quand les fenêtres s’ouvrent, les signalements augmentent et cela continue tout l’été. Dès l’automne, lorsque les fenêtres se referment, les plaintes diminuent. » 

Durant l’hiver, les demandes sont si rares que l’inspecteur spécialisé se voit souvent attribuer d’autres tâches.

Le bruit normal dans un logis la nuit, sur le Plateau-Mont-Royal

Si c’est le bruit émanant des appareils sonores de salles de spectacle qui fait les manchettes, qu’en est-il du bruit courant entendu la nuit sur le Plateau-Mont-Royal? Dépasse-t-il les normes établies?

« Évidemment, ça dépend de plusieurs facteurs, comme la saison, la rue que vous habitez ou la pièce dans laquelle vous êtes », explique Simon Lemieux. Par exemple, au beau milieu de la nuit sur la rue St-Laurent, la limite de 38 Db pour une chambre à coucher n’est jamais respectée. 

« Même à deux ou trois heures du matin, sur Saint-Laurent c’est l’heure de la sortie des bars, il y a du trafic, des gens qui circulent à pied, le bruit est assez élevé. Si votre chambre à coucher est en façade avant, c’est clair que vous n’êtes pas dans la limite », confirme M. Lemieux.

Des ressources disponibles pour plus d’informations

Pour mieux comprendre les défis crées par l’environnement sonore dans un arrondissement comme le Plateau Mont-Royal, où la quiétude des quartiers résidentiels côtoie la vie animée des artères commerciales, il est possible de consulter cette fiche technique sur les nuisances sonores:

Vous pouvez également visionner cette vidéo qui met en lumière le travail du technicien spécialisé de l'arrondissement.

En cas de doute sur le respect des normes, il faut s’en remettre à la division des permis et inspections de l’arrondissement. Et si c’est en été, il faut s’armer de patience et attendre son tour puisque la demande est plus forte.

Des exemples de sources de bruit et de réactions humaines selon le niveau de bruit sont également disponibles sur le site web du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.