Piétonnisation de l'avenue Duluth: quand le dynamisme urbain divise résidents et commerçants

La cohabitation entre résidents et commerçants sur l’avenue Duluth devient de plus en plus difficile en période de piétonnisation.

Piétonnisation de l'avenue Duluth: quand le dynamisme urbain divise résidents et commerçants
En 2024, l'avenue Duluth a été fermée à la circulation automobile pendant 5 mois. Photo: Page Facebook Avenue Duluth

La cohabitation entre résidents et commerçants sur l’avenue Duluth devient de plus en plus difficile en période de piétonnisation. À la suite de nombreuses plaintes, deux regroupements de citoyens ont été invités à s’exprimer avant l’élaboration finale de la programmation 2025.

L’équilibre est plus fragile que jamais sur cette avenue incontournable du quartier, pittoresque et riche en histoire, célèbre pour ses restaurants, cafés, boutiques et une ambiance rappelant par endroits le Vieux-Montréal. 

Il faut savoir que l’extension de la période de piétonnisation a été progressive, mais rapide. En 2021, Duluth était piétonne les fins de semaine seulement. Cette année, la rue, qui s’étend du parc Jeanne-Mance au parc La Fontaine, a été fermée à la circulation de mai à octobre.

Le 20 septembre dernier, la Ville de Montréal a par ailleurs annoncé le renouvellement du financement pour neuf rues piétonnes, dont Duluth, jusqu’en 2027. 

Cependant, Le Plateau-Mont-Royal, bien au fait des plaintes des résidents du secteur, n’a pas encore statué sur la durée de la prochaine piétonnisation.

Des résidents de l'avenue Duluth déplorent une trop longue période de piétonnisation, qu'ils jugent excessive.

Un succès qui fait peur

Le retour confirmé de la piétonnisation de l’avenue Duluth en 2025 inquiète certains résidents, comme Rodrigue Escayola, qui craint pour la quiétude de son quartier. Il y voit une appropriation de l’espace par les commerces, au détriment des résidents. 

Il est l’un des instigateurs de l’Association des résidents riverains de l’avenue Duluth, qui estime qu’il y a place à un meilleur voisinage et à une mitigation des irritants actuels.

« Le premier irritant c’est le bruit, trop fort, qui ne respecte pas les normes établies. Le deuxième irritant, c’est la durée de la piétonnisation. »

« Ça n’a pas de bon sens, il n’y a aucun festival à Montréal qui dure 5 mois », plaide M. Escayola qui a déposé une plainte formelle contre le festival de musique Duluth en Arts. Ce festival a présenté cet été deux concerts chaque samedi, du 6 juillet au 24 aout, à la Place Duluth-Laval.

Bien conscient qu’il habite un quartier central de Montréal, une métropole animée, M. Escayola estime tout de même que ses doléances sont légitimes. 

« Ce que nous aimerions, c’est un meilleur partage des lieux, un partage équitable. Une fin de semaine tranquille, de temps en temps… pas de se faire dire d’aller vivre ailleurs », explique-t-il.

L’animation de la rue Duluth, planifiée de concert avec l’arrondissement et le centre communautaire La Maison de l’Amitié, comptait cette année plus de 400 représentations qui ont eu lieu principalement les weekends.

Plus de 400 spectacles et représentations ont été présentés entre mai et octobre 2024 sur l'avenue Duluth.

L’Association des commerçants se veut à l’écoute des doléances

Du côté de l’Association des commerçant.e.s de l’avenue Duluth, on comprend que la piétonnisation et la programmation ne fassent pas l’affaire de tous les résidents. Selon son président, Jean-Francis Strayer, la création de deux comités citoyens à chaque extrémité de l’Avenue Duluth a été reçu de manière positive.

Mais pour mieux comprendre les attentes du voisinage, l’Association a décidé d’inviter les deux comités à une rencontre officielle dans le cadre de la planification de l’opération piétonnisation 2025. 

« Depuis les débuts de la piétonnisation en 2021, on a été à l’écoute des résidents, on a reçu leurs commentaires et notre équipe technique a tenté de les aider rapidement quand il y avait des problèmes sur le terrain », estime M. Strayer. 

Cet échange entre les parties aura lieu dans les prochains jours et M. Strayer affirme être prêt à s’adapter. « On a bien reçu les plaintes et on en a discuté avec l’arrondissement. S’il y a des gens qui ont souffert, il faut absolument les écouter et s’assurer de corriger le tir au plus vite », assure le président.

L’enjeu semble désormais de trouver un équilibre entre la vitalité commerciale de l’avenue Duluth et la tranquillité résidentielle, un défi auquel les acteurs impliqués devront répondre avec finesse.

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