Transformation de l’entrepôt Van Horne: Héritage Montréal se montre prudemment optimiste

Une rencontre concernant la transformation de l’entrepôt Van Horne a eu lieu le 24 janvier.

Le promoteur immobilier, qui est dans le processus de révision de son projet, a pu en discuter avec des organismes qui ont à cœur le patrimoine bâti du Mile End, dont Héritage Montréal.

Les discussions entourant l’entrepôt avaient fait bien peu de bruit jusque-là, et ce, depuis 2023, alors qu’un rapport donnant suite à une consultation publique avait été publié en mars. 

Le projet initial de Rester Management avait été présenté au comité consultatif d’urbanisme de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal l’été précédent. 

«Le projet accueillera des bureaux et des ateliers créatifs, un hôtel, des commerces, des restaurants, un café et une terrasse publique sur le toit», pouvait-on lire dans le document de présentation préliminaire, en octobre 2022.

S’en est suivi une consultation publique menée du 30 janvier au 12 février 2023. Les avis de 10 732 résidents, dont 3089 du Plateau-Mont-Royal, avaient alors été récoltés. 

Les résultats de la consultation révélaient que 68% des répondants étaient préoccupés par le projet. La proposition d’intégrer des bureaux et un hôtel dans le bâtiment centenaire s’est avérée être le facteur le plus préoccupant, atteignant un taux de désapprobation de 74%. 

Bien que 40% des personnes sondées ont dit vouloir y voir des logements sociaux ou abordables, l’option d’intégrer des logements dans l’édifice est exclue par l’arrondissement. Les habitations ne sont pas autorisées à une telle proximité d’une voie ferrée.

«Le promoteur a fait ses devoirs»

Dinu Bumbaru, directeur des politiques d’Héritage Montréal, un organisme à but non lucratif voué à la protection du patrimoine montréalais, est prudemment optimiste face au progrès du dossier.

«Même s’il semble avoir été mis sur la glace, on voit qu’il y a des réflexions qui se sont poursuivies des côtés de l’arrondissement, du promoteur et de ses architectes. C’est encourageant», note-t-il, rappelant aussi que 2025 sera une année d’élections municipales et que l’avenir de l’entrepôt Van Horne fait partie des dossiers d’intérêt des Montréalais. 

M. Bumbaru ne préfère pas discuter des détails de la rencontre avec le promoteur pour l’instant, mais il souligne que le projet semble avancer «dans le bon sens».

«Je pense que le message voulant qu’il s’agisse d’un bâtiment qui appelle des usages d’intérêt collectif, et non juste pour le promoteur, a été bien reçu. On comprend qu’il y a des efforts assez importants qui ont été faits pour associer des partenaires culturels.»

Le son de cloche est similaire à celui de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal. 

«Il faut savoir que le promoteur a fait ses devoirs, il a rencontré le milieu (Société d'histoire du Mile End et Comité Citoyen du Mile End, notamment) et intégré une programmation / vocation plus communautaire à son projet», a indiqué la conseillère de la Ville, Marie Plourde, dans un courriel envoyé à Mon Plateau.

«Un bâtiment emblématique»

«On ne s’en cache pas; pour nous, c’est un bâtiment emblématique», laisse tomber Dinu Bumbaru.

«Beaucoup de gens ont un coup de cœur en ce qui concerne cet édifice-là», soutient-il.

«Sa personnalité, ce n'est pas juste le château d’eau en haut avec la brique en dessous», dit-il, mentionnant la forme courbée des murs et le positionnement de l’entrepôt, qui se trouve près des limites du Mile End, de La Petite-Patrie et d’Outremont.

«C’est comme un repère dans le paysage urbain qui est assez formidable, mais c’est complexe de lui donner une nouvelle vie.»

Des garanties pour un projet viable qui ne sera pas abandonné

Pour ce qui est de la prochaine vocation de l’édifice, M. Bumbaru estime qu’elle doit faire preuve de compatibilité. Il note que les projets soumis, comme celui d’un espace hôtelier, doivent être viables.

«Il faut qu’il soit démontré que ce n’est pas juste une lubie qui ne marchera pas», souligne-t-il, ajoutant que le «bon usage» est la manière idéale de conserver un bâtiment patrimonial.

Le directeur des politiques d’Héritage Montréal note également que certains projets peuvent être abandonnés en chantier, particulièrement ceux qui s’avèrent compliqués. 

Par exemple, si des trous sont faits pour ajouter ou agrandir des fenêtres, mais que le projet est abandonné en cours de route, l’eau pourrait s’infiltrer et des individus pourraient y entrer, ce qui pourrait contribuer à la détérioration des lieux.

«C’est très mauvais pour le patrimoine. Enfin, c’est notre préoccupation», explique-t-il.

De multiples approbations requises avant le verdict final

Bien qu’aucune date précise ne soit inscrite au calendrier pour l’instant, les prochaines étapes clés du processus d’approbation ou de rejet du projet immobilier devraient se dérouler au printemps.

Rester Management devra alors faire approuver sa version révisée par le comité consultatif d’urbanisme avant de le présenter au conseil d’arrondissement de nouveau. Le projet devra également passer par une consultation publique avant un vote final des élus.