Un plan d'action pour un Plateau plus accessible et inclusif
Sylvie Gionet doit parcourir un kilomètre simplement pour acheter du lait, car les dépanneurs situés à proximité de son logement
Sylvie Gionet doit parcourir un kilomètre simplement pour acheter du lait, car les dépanneurs situés à proximité de son logement ne sont pas accessibles.
« C’est des petites choses comme ça, » dit-elle en expliquant les défis liés aux déplacements en fauteuil roulant dans le Plateau. «Si je veux aller chercher juste un pain frais, la boulangerie n’est pas accessible.»
Mme Gionet, qui habite le Plateau depuis maintenant 18 mois, voit donc d’un bon œil la récente adoption par l’arrondissement d’un Plan d'action pour l'accessibilité universelle et la lutte contre le capacitisme.
Ce plan liste une vingtaine d’objectifs accompagnés d’actions qui seront mis en œuvre peu à peu jusqu’en 2026. Le but est de rendre le territoire, les installations, les activités et les services de l’arrondissement plus accessibles et inclusifs.
Près d'un Québécois sur cinq déclare avoir une limitation fonctionnelle et des écarts importants subsistent en termes d'emploi et de qualité de vie entre les personnes avec et sans incapacité.
Par exemple, se déplacer représente encore un énorme défi pour de nombreuses personnes en situation de handicap.
Yves-Marie Lefebvre, qui a perdu la vue en 2020, souligne que le simple fait de traverser une rue est très risqué lorsqu'il n'y a pas de feux sonores. "On met nos vies en danger, parce qu'on ne sait jamais quand une voiture va nous accrocher ou un véhicule quelconque va nous accrocher."
Pour s'attaquer au problème, le nouveau plan du Plateau spécifie qu'une demande proactive d'installation de feux sonores sera faite lors de projets de réaménagement de rue.
« C’est un très petit pas, mais en très bonne direction », estime M. Lefebvre. « C’est un réel défi à remonter, mais le plan d’action, les énoncés de M. le maire et la volonté de l’administration [me donnent] un bon espoir. »
Parmi les autres actions qui seront mises en place par l'arrondissement, on retrouve un meilleur déneigement des arrêts de transport adapté. Il faut dire que même une petite accumulation de neige peut devenir un énorme obstacle.
« J’ai eu l’expérience de l’hiver passé de ne pas pouvoir sortir de chez moi », explique Mme Gionet. « Le transport adapté ne voulait pas m’embarquer parce qu’il y avait de la neige sur le débarcadère, même si le trottoir était bien déneigé. »
Mme Gionet est optimiste que le nouveau plan, qui s'aligne sur le Chantier en accessibilité universelle de la ville de Montréal, conduira à des améliorations. «Nous avançons beaucoup par rapport aux années précédentes», souligne-t-elle.
Chaque geste pour améliorer l’accessibilité universelle, comme les ascenseurs dans les stations de métro, «nous laisse vraiment une liberté de dire que nous aussi, on est inclus», explique Mme Gionet. « On peut travailler comme tout le monde, on peut étudier, on peut faire des activités comme tout le monde. »
Les responsables de l’arrondissement indiquent qu’ils fourniront des rapports annuels sur l’avancement de la mise en œuvre du plan et qu’un comité consultatif citoyen sera formé pour guider cette mise en œuvre. Une évaluation finale est prévue pour 2030.
Pour Laurence Parent, conseillère d’arrondissement responsable de l’accessibilité et elle-même utilisatrice d’un fauteuil roulant, le constat est clair: « Nous [avons] l’obligation d’innover et de nous débarrasser de nos angles morts pour ne laisser personne de côté. »
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